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L'épilepsie du chien

Les crises convulsives peuvent être impressionnantes pour le propriétaire, qui ne sait pas toujours comment réagir. Au contraire, une crise peut également passer inaperçue si le propriétaire n’y est pas sensibilisé. Or, des crises répétées nécessitent une prise en charge de l’animal, pour prévenir toute détérioration de son état, ou l’aggravation des crises.

Illustration : "L'épilepsie du chien"

Il est important de savoir que l'on distingue les crises convulsives, qui sont la manifestation de convulsions en tant que telles, de l’épilepsie, affection se caractérisant par une prédisposition à générer des crises convulsives. On estime que l’épilepsie touche 5% des chiens.

Qu'est-ce qu'une crise convulsive chez le chien ?

Une crise convulsive résulte de l’activation simultanée de nombreux neurones cérébraux. Elle est caractérisée par des troubles moteurs et sensoriels, avec parfois une perte de conscience. L’épilepsie est un type particulier de crises, caractérisées par un séquençage (succession de plusieurs phases définies au cours de la crise) et par des manifestations neurovégétatives (salivation, émission d’urine ou de fèces...).

Les crises convulsives dans le cadre d’une épilepsie apparaissent généralement chez l’animal jeune, entre 6 mois d’âge et 6 ans. Les premières crises peuvent passer inaperçues, et aucun signe n’est présent entre deux crises convulsives.

Une crise convulsive est caractérisée par 3 grandes phrases :

  • D’abord l’aura, qui n’est pas systématique. Elle est caractérisée par une altération comportementale sans perte de conscience, avec parfois des contractions musculaires, un rictus, une salivation excessive…

  • L’ictus. L’ictus peut se présenter sous forme d’une phase tonique, avec contraction des muscles extenseurs (le chien a alors la tête renversée en arrière, les membres tendus), ou bien sous une forme clonique avec un phénomène de pédalage. L’animal présente une respiration bruyante. Les deux types peuvent coexister au sein d’une même crise.

  • Enfin le post-ictus. L’animal retourne à son état normal progressivement, en quelques secondes ou quelques jours. Quand l’animal reprend conscience, il peut être fatigué, agressif, avoir des hallucinations...

Leur durée est généralement de 1 à 3 minutes et elles s’arrêtent seules. Il existe des crises partielles, avec des signes unilatéraux sans altération de la conscience. Il peut s’agir par exemple de simples signes moteurs locaux (mouvement anormal répété), une augmentation soudaine de la salivation et de la déglutition, d’hallucinations, hurlements... L’éventail des comportements anormaux associés à une crise est large et complexe.

Origine des crises convulsives

Les causes d’une crise convulsive peuvent être très variées. Un examen clinique est nécessaire, ainsi que divers examens complémentaires. Dans un premier temps, un bilan sanguin permet d’explorer les causes les plus fréquentes de crises convulsives : troubles métaboliques ou électrolytiques (hypoglycémie, hypocalcémie), affections hépatiques entraînant une hyper-ammoniémie (notamment le shunt porto-hépatique, auquel les petites races telles que le Chihuahua ou le Yorkshire Terrier sont prédisposées)...

Dans ces cas-là, on parle de crises réactives, car l’encéphale s’excite en réponse à une composition anormale du sang. Si l’on parvient à écarter ces causes extra-crâniennes, on va ensuite devoir s’intéresser à la structure du cerveau. Des tumeurs, traumatismes, lésions et inflammations cérébraux, vont pouvoir engendrer des crises d’épilepsie. Pour rechercher de telles anomalies de la structure du cerveau, il faut avoir recours à des examens d’imagerie de type IRM, ainsi qu’une ponction et une analyse du liquide céphalo-rachidien (liquide transparent entourant le cerveau et la moelle épinière).

Parfois, aucune cause n’est clairement identifiable et aucune lésion spécifique n’est mise en évidence ; on parle alors d’épilepsie idiopathique ou primaire. Il s’agit d’anomalies purement fonctionnelles. Plusieurs races y sont prédisposées, parmi lesquelles on peut citer : Berger belge, Berger Allemand, Beagle, Labrador, Golden Retriever, Border Collie. Étant donnée la nature héréditaire de l’épilepsie idiopathique, il ne faut pas mettre un chien épileptique à la reproduction.

Traitement des crises

Le traitement dépendra de la cause identifiée. En cas de crises convulsives réactives, le traitement passera essentiellement par la prise en charge des anomalies mises en évidence lors des examens généraux et sanguins.

En cas d’épilepsie primaire, un traitement sera mis en place selon les résultats des examens et selon l’importance des crises. Il est généralement envisagé si les crises se succèdent de façon très rapprochée, si les crises sont prolongées, ou si une lésion cérébrale importante a été mise en évidence grâce à l’imagerie.

Les objectifs du traitement sont de réduire la fréquence des crises, leur gravité, leur durée, et les effets post-crises. Il faut bien prendre en considération que les crises peuvent persister sous traitement ; ce qui est recherché est une diminution de leurs manifestations. La médication est à administrer quotidiennement et à vie. Les molécules et les doses sont adaptées à chaque cas et demandent souvent des semaines d’essais pour trouver le schéma thérapeutique qui correspond à l’animal. Il est primordial de ne pas modifier le traitement et de ne pas l’arrêter brusquement, car cela provoquerait la réapparition rapide des crises.

Rôle du propriétaire

En tant que propriétaire d’un chien épileptique, il est essentiel d’apprendre à reconnaître le début d’une crise. Cela vous donnera le temps de mettre l’animal en sécurité, en éloignant les objets pouvant le blesser, et de diminuer les stimulis (lumières, sons, personnes et animaux présents dans l’environnement).

N’hésitez pas à filmer votre animal pendant une crise pour pouvoir montrer la vidéo à votre vétérinaire ultérieurement. Il est également nécessaire de suivre et noter la fréquence des crises, ainsi que les manifestations observées au cours de la crise. Cela est tout particulièrement indiqué pour évaluer l’efficacité d’un traitement qui aurait été mis en place. Une fois le traitement adapté mis en place, un rendez-vous régulier chez le vétérinaire, d’abord tous les 6 mois, puis tous les ans si l’animal est stabilisé, permettra d’effectuer un suivi de l’animal et d’adapter le traitement afin qu’il reste optimal sur le long terme.

Une observation attentive du traitement par le propriétaire est donc essentielle pour assurer une prise en charge efficace des crises convulsives. Les résultats du traitement peuvent parfois mettre du temps à apparaître, surtout lorsque différents dosages sont testés. Néanmoins, il ne faut pas se décourager, car ils sont aujourd’hui très efficaces et permettent une nette amélioration du bien-être du chien.

Bibliographie

  • Blot, S. (2022). Le syndrome convulsif : diagnostic et traitement chez les carnivores domestiques (Cours ENVA)
  • Berendt, M. et al (2015). International veterinary epilepsy task force consensus report on epilepsy definition, classification and terminology in companion animals. BMC Veterinary Research, 11.
  • Bhatti, S. F. M. et al (2015). International Veterinary Epilepsy Task Force consensus proposal : Medical treatment of canine epilepsy in Europe. BMC Veterinary Research, 11.