Les causes courantes de surpoids chez le chien
Le surpoids est une des maladies les plus fréquentes chez le chien. Une surcharge pondérale trop importante peut mener à terme à des problèmes ostéo-articulaires, cardiaques, endocrinologiques (tels que le diabète sucré) ou immunitaires, le tissu adipeux sécrétant des molécules intervenant dans les processus inflammatoires. Cette accumulation de graisse provient du fait que le chien va consommer plus de calories qu’il n’en dépense. Il est donc important de comprendre les causes et les facteurs de risque qui interviennent dans ce processus pour mieux y faire face.
La stérilisation
La stérilisation provoque une baisse des besoins énergétiques du chien d’environ 20 %. En effet, la stérilisation bloque la sécrétion de certaines hormones impliquées dans l’anabolisme, c’est-à-dire l’ensemble des réactions chimiques aboutissant à la formation des constituants de l’organisme. Les besoins journaliers en énergie sont donc plus faibles chez les animaux stérilisés, or le propriétaire n’adapte pas toujours la ration de son animal à la suite de l’opération.
Dès lors que votre chien ou votre chienne a subi son opération, il faut remplacer son alimentation vers une ration conçue spécifiquement pour animal stérilisé. La composition de ces aliments est en effet moins riche en énergie, mais toujours aussi rassasiante. Veillez à réaliser une transition alimentaire sur plusieurs semaines en mélangeant les deux types d’aliments pour éviter tout problème digestif.
La sédentarité, le manque d’activité
Une activité physique régulière permet à votre chien de se muscler et évite la prise de poids. De nos jours, les chiens deviennent de plus en plus sédentaires, car ils suivent le mode de vie de leurs maîtres.
Pour remédier à cela, il convient de prendre le temps de sortir son chien régulièrement, en diversifiant les sorties. Vous pouvez par exemple, si la race et la santé de votre chien le permettent, le faire courir, nager, vous inscrire à des cours d’agility…
Favorisez si possible les balades en pleine nature où votre chien pourra se promener en liberté ou avec une longe, et donc se dépenser plus librement. S’il est déjà en surpoids, il faudra augmenter la fréquence, la durée et l'intensité des promenades progressivement et ne pas le surmener. Les sorties doivent rester un plaisir pour lui et pour vous également !
Une alimentation inadaptée
L’alimentation de votre chien est primordiale pour la gestion de son poids. Cependant, il est parfois difficile de s’y retrouver parmi le large choix dans l’industrie de l’alimentation.
De nombreuses croquettes arborent la dénomination « light ». Néanmoins, cette dernière n’est pas protégée légalement. Ainsi, la composition des croquettes light est laissée à l’appréciation du fabricant. Ce dernier peut donc proposer à la vente un paquet de croquettes avec la dénomination light avec autant, voire plus de calories, qu’une gamme classique proposée par un concurrent.
Ainsi, il est préférable de consulter son vétérinaire pour, premièrement, voir si votre chien est réellement en surpoids et si oui à quel point, et deuxièmement trouver la routine alimentaire qui lui correspondra le mieux sans le frustrer.
La dénomination « diététique » des aliments vétérinaires est quant à elle protégée et doit remplir un cahier des charges européen avec des mentions particulières sur le paquet comme les calories ou les pourcentages des aliments. Ces aliments ont comme avantage premier de réduire les calories tout en conservant une teneur adéquate en minéraux, en oligo-éléments et en vitamines essentielles.
Elles sont généralement riches en protéines et en fibres, et ne provoquent de ce fait ni fonte musculaire ni sentiment de faim. La transition alimentaire doit se faire petit à petit et ne doit pas être drastique. Si votre chien ne supporte pas les nouvelles croquettes, n’hésitez pas à changer de marque, cela peut suffire à résoudre le problème.
Il ne faut pas oublier que chaque calorie compte et que toutes les friandises données en dehors des repas doivent être prises en compte dans le calcul des calories journalières.
Si vous avez l’habitude de donner des restes de table ou de nombreuses friandises en dehors des repas, il est nécessaire de revoir la ration journalière de votre chien pour compenser les excès. Des gammes de friandises faibles en calories existent, mais vous pouvez aussi les remplacer par des aliments peu caloriques comme des morceaux de pomme.
Enfin, il est possible d’ajouter des légumes comme des haricots verts ou des courgettes dans la ration de votre chien pour augmenter sa satiété à l’issue du repas, sous réserve d’en discuter avec votre vétérinaire.
Des troubles endocrinologiques
Le diabète sucré
La relation entre le diabète sucré et l’obésité ne fait pas encore l’objet d’un consensus auprès de la communauté scientifique, en raison des multiples composantes de la maladie, dont une composante auto-immune. De nombreuses études observent néanmoins une corrélation positive entre l’obésité et le diabète sucré, bien que l’obésité soit plus une conséquence qu’une cause du diabète.
Plusieurs études expérimentales ont mis en évidence une diminution de la sensibilité à l’insuline lors d’obésité, et à l’inverse, cette sensibilité, ainsi que la tolérance au glucose, s'améliorent après une perte de poids.
D’autres maladies endocriniennes
L’obésité est souvent associée à l’hypothyroïdie et à l’hyperadrénocorticisme chez le chien, soit en tant que facteur de risque ou en tant que symptôme. Les deux maladies impliquent un dérèglement de différentes hormones du métabolisme.
L’hyperadrénocorticisme, aussi appelé maladie de Cushing, est une maladie causée par l’augmentation dans le sang du cortisol. Cette hormone stimule la prise alimentaire et peut donc provoquer une prise de poids.
L’hypothyroïdisme provoque elle aussi une prise de poids, mais sans augmentation de la prise alimentaire, voire au contraire malgré une diminution de cette dernière. En effet, les hormones thyroïdiennes, moins présentes dans le sang, sont impliquées dans le métabolisme cellulaire. En cas d’hypothyroïdie, les cellules vont « tourner au ralenti », ce qui favorise alors la prise de poids.
Prédisposition génétique
L’origine génétique n’est pas clairement établie pour la prise de poids dans l’ensemble de l’espèce canine. Néanmoins, chez les Labradors par exemple, la mutation dans leur ADN du gène POMC modifie le comportement alimentaire de la race et diminue la satiété. Ces chiens sont donc rassasiés beaucoup moins rapidement, les prédisposant ainsi en quelque sorte à l’obésité.
Bibliographie
- Cours de l’ENVA sur l’alimentation canine, cours de chirurgie de convenance, cours de génétique.
- Such, Z.R., German, A.J. (2015). Best in show but not best shape: a photographic assessment of show dog body condition. Vet. Rec. 177, 1–6.
- Colliard, L., Ancel, J., Benet, J.-J., Paragon, B.-M., Blanchard, G. (2006). Risk Factors for Obesity in Dogs in France. J. Nutr. 136, 1951S-1954S.
- Dr Dafflon, thèse universitaire « Stérilisation des carnivores domestiques : Etat des connaissances et motivations des propriétaires ».
- Règlement du parlement européen et du conseil, 13 juillet 2009 concernant la mise sur le marché et l’utilisation des aliments pour animaux.
- Société centrale canine (https://www.centrale-canine.fr).
- Dr Decqulerq « Prévalence et facteurs de risque de surpoids chez le chien, étude épidémiologique ».
- CAEL A. (2018). Réalisation d'un guide de prise en charge du surpoids et de l'obésité chez le chien et el chat à destination du vétérinaire et du propriétaire. Thèse d'exercice, Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon.
Par Ester Galasso
Étudiante vétérinaire
Étudiante en 4e année, Ester Galasso a intégré l’École Nationale Vétérinaire d'Alfort (ENVA) en 2020 après une prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre). Elle souhaite poursuivre ses études en canine et peut-être se spécialiser en chirurgie ou médecine interne.