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Préparer une alimentation naturelle maison pour son chien

De plus en plus de propriétaires de chiens abandonnent les croquettes au profit d’une alimentation naturelle faite maison, ou ration ménagère. Différentes catégories existent, comme le BARF (« Biologically Appropriate Raw Food » ou « nourriture crue biologiquement appropriée »), ou encore le Raw feeding, qui reconstitue le plus fidèlement possible une proie entière. Afin d’éviter les erreurs, ces régimes alimentaires requièrent cependant quelques précautions à prendre.

Illustration : "Préparer une alimentation naturelle maison pour son chien"

Le risque infectieux des aliments crus

De nombreux aliments crus contiennent des bactéries, virus et parasites. La viande de porc et les abats sont ainsi déconseillés pour leur forte quantité de parasites.

Une étude réalisée au Royaume-Uni en 2005 sur les viandes de poulet destinées à la consommation humaine a révélé que 70 % étaient contaminées par Campylobacter et 4 % par Salmonella. La cuisson à cœur permet la destruction de ces bactéries.

Une autre étude a permis d’établir une causalité entre les bactéries contenues dans la viande crue et les maladies bactériennes, dont les chiens et chats de l’étude étaient atteints. Ces bactéries ne sont donc pas détruites lors de la digestion.

Les propriétaires peuvent également être atteints, d’où l’importance du lavage des mains après manipulation d’aliments crus. La salmonellose et la campylobactériose provoquent chez l’Homme des diarrhées, des douleurs abdominales et de la fièvre, qui guérissent la plupart du temps spontanément en quelques jours ; mais des formes plus graves existent. Les chiens adultes auront les mêmes symptômes que leurs propriétaires lors de salmonellose, et aucun symptôme visible lors de campylobactériose.

Le choix du régime alimentaire doit donc être fait en toute connaissance de cause, en privilégiant les aliments de qualité supérieure, particulièrement s’ils sont consommés crus.

La cuisson de la viande

Afin d’éviter tout risque d’obstruction ou de perforation par ingestion de fragments osseux, la viande donnée doit être désossée.

Il faut savoir que la cuisson diminue la digestibilité des protéines. Cela signifie qu’il faudrait apporter plus de protéines au chien pour couvrir ses besoins.

Cependant, cette perte est faible lors de cuisson à des températures basses à moyennes. C’est lors de longue cuisson à haute température que la qualité des protéines est impactée : dès 90-100°C, des agrégats se forment entre les protéines et les glucides. On parle de réaction de Maillard. Les protéines étant prises dans ces agrégats, leur activité diminue, d’où une digestibilité significativement diminuée. Toutefois, la cuisson augmente l’appétence de l’aliment pour le chien.

La cuisson des féculents

Il est important de bien cuire les féculents, afin de rendre l’amidon qu’ils contiennent digestible.

En effet, la chaleur et l’eau permettent de briser les liaisons entre les chaînes d’amidon. Cela rend accessibles les sites de digestion de l’amidon, permettant une bonne digestion dans l’intestin grêle.

Sans une cuisson suffisante, l’amidon n’est presque pas digéré dans l’intestin grêle et arrive dans le côlon, dans lequel il sera fermenté par les bactéries présentes. Cela peut entraîner de la diarrhée, de l’anorexie et une perte de poids du chien.

Les féculents doivent être cuits le jour même. En effet, les mettre au réfrigérateur après cuisson entraîne une cristallisation de l’amidon, ce qui diminue fortement sa digestibilité.

La cuisson des légumes

Les légumes peuvent être frais, surgelés ou en conserve. La cuisson se fait à l’eau, sans saler ni assaisonner.

Dans le cas des légumes en conserve, ceux-ci sont déjà cuits. On veillera cependant à bien jeter le jus de la conserve, et à éviter les conserves déjà salées, afin de prévenir l’apparition de maladies rénales.

Après cuisson, les légumes peuvent être conservés au réfrigérateur ou congelés.

Le calcul de la ration

De nombreux sites web proposent un calcul de la ration ménagère du chien selon son poids. Cependant, les rations proposées sont très souvent déséquilibrées et ne permettent pas de combler les besoins de l’animal en nutriments et ions. Les effets des carences sont souvent visibles sur le long terme et peuvent être très graves, tout comme les excès.

Une ration ménagère doit s’adapter non seulement au poids idéal du chien, mais également à son activité physique, son stade physiologique (gestation, stérilisation, croissance…), sa race et ses éventuelles pathologies. Le calcul du besoin énergétique prend ainsi en compte tous ces critères.

Afin d’établir une ration ménagère répondant au mieux aux besoins de l’animal, il est nécessaire de demander l’aide d’un vétérinaire nutritionniste.

Le respect de la ration proposée

Une fois la ration calculée par le vétérinaire, il faut la respecter chaque jour le plus fidèlement possible. Ponctuellement, quelques écarts peuvent être réalisés, mais ceux-ci doivent rester les plus rares possibles. Attention à ne pas donner d’aliments toxiques au chien ! Parmi les légumes, on évitera ainsi à tout prix l’oignon ou encore le poireau.

La quantité d’aliments peut être contrôlée, mais pas la qualité : la composition analytique d’un même aliment d’une marque peut ainsi être très variable selon les paquets. On contrôlera donc au mieux la quantité des aliments, en les pesant précisément.

La surveillance de l’état corporel de l’animal

Comme des erreurs de ration restent toujours possibles, il est important de surveiller le poids de son animal. La pesée doit s’effectuer sur la même balance et au même moment de la journée. Ainsi, on pourra détecter rapidement une perte ou une prise de poids. Si ce changement n’est pas désiré, la ration doit être revue.

Si le poids de l’animal reste stable au cours du temps, l’énergie apportée par la ration est donc adaptée au chien.

La nécessité d’ajouter des compléments minéralo-vitaminés

Le chien, comme tous les autres êtres vivants, ne peut pas synthétiser lui-même les minéraux, les oligo-éléments et les vitamines.

Les minéraux à apporter sont : le calcium, le phosphore, le sodium, le chlore, le potassium et le magnésium. Le besoin en minéraux du chien est assez conséquent. Les aliments naturels (viandes, légumes, féculents) contiennent des minéraux, mais en faible quantité. Un complément doit donc être ajouté dans la ration.

Le besoin du chien en oligo-éléments est bien plus faible que son besoin en minéraux, mais nécessite également un apport par un complément. Les principaux oligo-éléments sont : le cuivre, le fer, le zinc, le sélénium, l’iode et le manganèse.

Le chien peut synthétiser lui-même la vitamine C dans son foie, mais ce n’est pas le cas des autres vitamines : A, B, D, E, K. Celles-ci sont présentes dans le complément alimentaire afin d’être sûr de couvrir les besoins de l’animal.

Bibliographie

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