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Gérer les conflits entre chiens

L’agrément de la vie en commun avec chien peut vite être parasité par les conflits en balade ou avec les autres chiens du foyer. Il est donc important de les prendre en charge, et de les prévenir par une bonne éducation et un environnement favorable à leur entente.

Illustration : "Gérer les conflits entre chiens"

L’origine des conflits

Lors d’un conflit entre deux chiens, on peut dans la plupart des cas identifier un agresseur et une victime. Ce conflit pourra être résolu par de la communication (aboiements, grognements, postures…), ce qui est sain, ou escalader jusqu’à une agression de l’un ou des deux chiens..

L’agressivité d’un chien envers un autre peut avoir plusieurs origines. Les plus courantes sont la protection des ressources et la peur. Certains facteurs augmentent l’agressivité, comme la douleur, y compris chronique, ce qui prédispose des chiens atteints de pathologies comme l’arthrose aux conflits.

La “réactivité” et la “dominance”

Les chiens faisant souvent preuve d’agressivité envers leurs congénères se voient en général attribuer par leurs propriétaires une de ces deux étiquettes : “réactif” ou “dominant”.

Le terme de réactif, s’il n’est pas très précis, ne pose pas particulièrement problème. La réactivité, stricto sensu, désigne la capacité à répondre à un stimuli : un chien réactif est donc simplement un chien qui réagit à son environnement, par un grand panel de comportements. L’agression est une des réponses possibles à la vue d’un congénère, mais certainement pas la seule. Cependant, ceux qui l’emploient ont identifié un problème dans les réactions de leurs chiens à ses congénères et désirent y remédier.

Le terme de dominant est lui plus problématique. En effet, il s’appuie sur des bases scientifiquement erronées, puisque la dominance désigne un rapport hiérarchisant l’accès aux ressources (nourriture, couchage…) entre deux animaux au sein d’un groupe stable. Elle ne peut donc pas s’appliquer à un animal agressant un autre lors de la rencontre, par exemple. De plus, la dominance n’a jamais été observée chez les chiens, et son existence chez les loups, sur laquelle certains s’appuient, est démentie, y compris par le chercheur à l’origine de la théorie.

Ainsi, le terme de dominant est utilisé par certains propriétaires pour caractériser des chiens agressifs. En plus d’être inadéquat, il donne une vision fataliste du caractère du chien, et incite peu à l’éducation pour corriger les réactions du chien.

Les chiens “réactifs” et “dominants” sont en fait des chiens à l’origine de conflits, donc potentiellement agressifs.

La punition

La punition positive (c’est-à-dire par ajout d’un élément désagréable, comme de la douleur, une laisse…) est très rarement la solution à l’agressivité d’un chien. Plusieurs risques sont encourus : premièrement, la punition physique sur le moment, en plus de pouvoir déclencher une réaction violente du chien envers l’humain, augmente le stress de l’animal dans les situations similaires, et donc favorise une réaction d’agressivité.

De plus, punir un chien exprimant son agressivité par des grognements ou des aboiements peut l’inciter à mordre directement sans passer par ces comportements annonciateurs la fois suivante : ils servent justement à mettre fin au conflit sans avoir à mordre et doivent donc être conservés à tout prix.

Les conflits en balade

Si un chien montre des signes d’agressivité envers ses congénères en balade, c’est le plus souvent lié à de la peur. Cette peur peut être acquise, par exemple par une agression antérieure par un chien. L’agressivité envers les chiens peut également être due à un défaut de socialisation initiale du chiot, en raison d’un sevrage trop précoce ou simplement du fait de l’adoptant, qui ne l’a pas suffisamment confronté à ses congénères dans sa jeunesse, au moment de son éducation.

À ce moment-là, il est important de désensibiliser son chien. Cela consiste à l’exposer au stimulus qui provoque de l’agressivité, en l'occurrence un congénère, et à le récompenser lorsqu’il réagit correctement. Initialement cela sera surtout en ignorant l’autre, et éventuellement évoluer vers l’expression de comportements affiliatifs, c’est-à-dire amicaux, au fil de la rééducation. Si le stimulus provoque trop de réactions pour que l’on puisse récompenser le chien, on essaiera d’en diminuer l’intensité : on fera passer l’autre chien plus loin, moins longtemps…

Comme évoqué précédemment, il faut éviter de punir les aboiements car cela accélère la morsure. Il n’est jamais inintéressant de faire porter une muselière à son chien agressif en balade, au moins dans les zones où l’on s’attend à croiser des chiens. Celle-ci permet d’éviter les morsures, ce qui non seulement apaise le propriétaire, mais également le chien. Il faut cependant l’y habituer pour qu’elle ne provoque pas de stress.

Les conflits à la maison

À la maison, les conflits entre deux chiens d’une même famille sont souvent liés à la protection de ressources. L’agresseur a l’impression que l’autre lui fait concurrence pour une ressource donnée (nourriture, jeu, couchage, partenaire sexuel) à un moment donné.

Cela peut se produire en particulier lorsqu’il existe un écart d’âge entre les deux, et que le plus jeune, arrivé à la maturité comportementale, essaie de nouveaux comportements que le plus âgé peut percevoir comme des défis. Cela peut comprendre le vol de nourriture, le fait de bloquer l’accès à un panier, une chaise, ou encore d’essayer de contrôler les déplacements de l’autre dans un lieu comme un couloir.

Dans ces cas-là, la meilleure méthode est le renforcement : on va récompenser le chien qui se comporte le mieux, qui évite le conflit. L’autre comprendra, au bout d’un moment, l’attitude à adopter et suivra le mouvement.

Mieux vaut prévenir que guérir

S’il est possible de limiter le caractère agressif d’un chien, il est plus simple d’éviter qu’il se développe en premier lieu. Pour cela, il est essentiel qu’il ait eu un développement correct, c’est-à-dire qu’il n’ait pas été séparé trop tôt de sa portée.

En effet, les frères et sœurs influent plus que la mère dans la socialisation du chiot. Cette période s’étend de l’âge de 3 semaines à 3 mois, et est très importante pour son rapport futur avec les congénères car c’est à ce moment-là qu’il apprend les codes qui régissent les interactions entre chiens.

Pour éviter les conflits entre individus du même foyer, il est important de bien choisir les chiens que l’on adopte. Plus ils sont similaires, mieux c’est : niveau proche d’activité, âge proche, taille proche… Pour limiter l’agressivité d’un chien envers ses congénères en balade, le mieux est enfin de l’y habituer jeune, avec des chiens que l’on sait sympathiques si possible.

Ainsi, les conflits entre chiens sont le plus souvent dûs à la peur et à la protection des ressources, ou à une mauvaise socialisation. Pour les éviter, il est nécessaire de passer par l’éducation en renforçant les comportements désirables. En revanche, il ne faut surtout pas supprimer les signes qui précèdent la morsure ou les attaques, comme le grognement ou les aboiements, qui font partie intégrante de la communication entre les chiens.

Bibliographie :

  • Behavioral Problems of Dogs - Behavior (s. d.) . In MSD Veterinary Manual. [https://www.msdvetmanual.com/behavior/normal-social-behavior-and-behavioral-problems-of-domestic-animals/behavioral-problems-of-dogs] (consulté le 08/03/2023).

  • BONATI, L., GUILLON, M. (s. d.) Le chien dit « réactif ». Vethologie.

  • BONATI, L., GUILLON, M. (s. d.) J’adopte un deuxième chien. Vethologie.

  • TUCAK, P. (2014) Manual of clinical behavioral medicine for dogs and cats by KL Overall. Elsevier Mosby Publishing, St Louis, 2013. 812 pages. Price: A$79.95. ISBN 9780323008907.: Book Review. Australian Veterinary Journal vol. 92, n° 7, p. 234‑234. [https://doi.org/10.1111/avj.12192]