Le stress chez le chien
Le stress et l’anxiété du chien sont des phénomènes assez fréquents. Ce stress peut être occasionnel et lié à une situation précise ou au contraire durer dans le temps et alors être associé à de l’anxiété. Les troubles comportementaux du chien doivent être traités pour améliorer son bien-être, mais également celui des propriétaires qui peuvent être affectés par la situation. Qu'est-ce que le stress chez le chien et comment se manifeste-t-il. Quelles sont les causes et les solutions comportementales, parfois médicales, pour canaliser l’anxiété du chien ?
Qu’est-ce que le stress chez le chien et comment se manifeste-t-il ?
La définition du stress, c’est une pression ou une tension nerveuse exercée sur un individu, ici, sur le chien. L’animal reçoit un stimulus, intègre cette information en prenant en compte ses expériences passées et met en place une réponse coordonnée.
La définition physiologique du stress est la réponse biologique mise en œuvre lorsqu’un individu perçoit une menace pour son homéostasie (capacité à stabiliser ses constantes biologiques).
Tous les animaux n’ont pas la même sensibilité au stress, les sources sont différentes et les manifestations aussi. Il existe un stress positif ; c’est le défi, et il est presque nécessaire au bon développement du chien. Mais le stress peut aussi être négatif, il est alors délétère pour sa santé mentale et biologique.
Il faut faire la différence entre la peur et l’anxiété : le premier est dû à un danger réel et immédiat alors que le second est dû à un danger potentiel et différé. Par exemple, le chien a peur des feux d’artifice, alors qu’au départ de son maître il peut ressentir une anxiété d’isolement. Les animaux anxieux auront un tempérament moins adaptable et seront par conséquent plus facilement stressés.
Les manifestations du stress sont variables, mais il est essentiel de les reconnaître pour aider le chien à réduire son anxiété ou identifier et l’habituer à ce qui lui fait peur. Voici un ou plusieurs symptômes que vous pouvez observer chez votre animal stressé :
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Il gémit et couine sans arrêt ;
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Il aboie sans arrêt ;
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Il est agressif ;
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Il bâille ;
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Il fait des allers-retours, tourne en rond ou au contraire reste prostré ;
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Il se lèche la truffe et il bave ;
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Son visage est tiré, avec des yeux de « chien battu » et les pupilles dilatées ;
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Il a la queue entre les pattes ;
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Il tremble ;
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Il a des problèmes de propreté ;
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Il détruit ;
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Il hyperventile (halète) ;
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Il ne se nourrit pas bien : anorexie (le chien ne mange plus) ou boulimie (le chien ne s’arrête pas de manger) ;
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Il a des zones sans poils ce qui peut être dû à un léchage excessif.
Si vous observez ces symptômes chez votre chien, parlez-en à votre vétérinaire.
D’un point de vue médical, le stress provoque une activation du système orthosympathique, ce qui induit une augmentation de la fréquence cardiaque, une vasoconstriction, et une libération de glucose circulant. Il y a également une augmentation de l’acidité de l’estomac, ce qui provoque des ulcères gastriques, une inhibition possible de la croissance, un déficit immunitaire et des anomalies du cycle sexuel.
Quelles sont les causes de l’anxiété chez le chien ?
Globalement les facteurs stressogènes sont de 2 types :
Facteurs « physico-chimiques » directs :
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Propriétés physiques de l’environnement (température, lumière, etc.) ;
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Privation (eau, nourriture, etc.) ;
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Douleur (due à des problèmes de santé ou provoquée (chien battu).
Facteurs psychologiques, émotionnels et sociaux :
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Privation (manque d’activité, manque d’interactions : absence du maître) ;
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Nouveautés (déménagement, arrivée ou départ d’un animal) ;
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Agression (ou perçu comme : la visite chez le vétérinaire par exemple).
Souvent l’anxiété est liée à une inadéquation du budget temps/besoin ou à un besoin social insatisfait. Les situations qui sont prévisibles et contrôlables sont mieux gérées par le chien. Globalement le chien a peur de l’inconnu, s’il n’est pas habitué à une situation : aller chez le vétérinaire, voyager, se promener là où il y a du monde, rester seul, il aura tendance à stresser lorsque cette situation survient. Cependant certains chiens sont de nature anxieuse, même s’ils ont été habitués. Il est alors possible de mettre en place une thérapie avec votre vétérinaire pour aider votre chien.
Quelles sont les solutions pour calmer l’anxiété chez le chien ?
La thérapie comportementale :
Il existe deux types de thérapies : la thérapie comportementale (souvent utilisée en première intention) et la thérapie médicale (si la première ne fonctionne pas, elle doit toujours y être associée).
Il est conseillé de faire suivre le chien par un comportementaliste pour que la thérapie comportementale ait toutes les chances de réussir.
Il est primordial de travailler sur la relation entre le maître et le chien : il faut favoriser les apprentissages (qui vont beaucoup plus fatiguer le chien que l’activité physique) et le renforcement positif (le renforcement négatif va détériorer la relation entre les deux).
Lors d’anxiété d’isolement, il faut apprendre la solitude au chien en créant des rituels rassurants en l’habituant d’abord à des temps de solitude très courts et en augmentant la durée progressivement. On peut enrichir le milieu et fournir des friandises ou des objets à mastiquer pour l’aider à passer le temps. Il faut mieux précéder le temps de solitude d’une balade stimulante pour fatiguer le chien.
La thérapie médicamenteuse
Si la thérapie comportementale ne suffit pas. Votre vétérinaire pourra prescrire un ou des médicaments qui pourront la compléter. Le traitement va être adapté au degré au stress du chien (mesuré grâce à des facteurs physiologiques et hormonaux), mais aussi à la demande et aux possibilités du propriétaire.
Les antidépresseurs utilisés chez les animaux sont ceux développés pour l’humain. Il existe une grande variabilité interindividuelle dans la réponse au traitement. Le traitement doit se faire sur au moins 2 mois et souvent, les résultats n’apparaissent qu’au bout de 3 semaines.
Les médicaments les plus utilisés sont des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine : ce sont des molécules qui inhibent la dégradation de la sérotonine, ce qui augmente sa concentration, or la sérotonine est l’ « hormone du bonheur ». L’avantage est qu’ils provoquent peu d’effets secondaires : légère somnolence, hyperthermie, réduction de l’appétit, rares vomissements. Les principales molécules de cette famille sont la Sertraline (plutôt utilisée sur les peurs) et la Fluoxétine (Reconcile®) (utilisée contre l’anxiété et l’agressivité).
Une autre famille concerne les antidépresseurs tricycliques qui inhibent la dégradation de la sérotonine et de la noradrénaline. Ils présentent des risques de surdosage importants qui provoquent convulsions, coma et détresse respiratoire. Les effets secondaires sont plus nombreux : sédation, ataxie (difficultés de coordination des mouvements), constipation, diarrhée, rétention urinaire, problèmes cardiaques. La principale molécule est la Clomipramine (Clomicalm®) (le seul médicament vétérinaire) utilisée contre les peurs, les phobies et le stress marqué au quotidien.
La Gabapentine (Neurontin en pharmacie) est une autre option, elle est à utiliser avant la situation stressante. Elle peut être associée avec la Sertaline ou la Fluoxétine.
Il existe d’autres options nutraceuptiques : comparables à des placebos et ne présentant aucun effet secondaire.
Il est essentiel de gérer le stress du chien qui réduit sa qualité de vie. L’analyse de la situation avec votre vétérinaire et des professionnels du comportement vous aideront à trouver une thérapie adaptée.
Bibliographie :
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Cours de l’ENVA : « Traitement en médecine du comportement » dispensé par les Dr. Fanny Storck et Caroline Gilbert
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Cours de l’ENVA : « Diagnostic en médecine du comportement » dispensé par le Dr. Caroline Gilbert
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Cours de l’ENVA : « Physiologie du stress » dispensé par le Dr. Laurent Tiret
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Stress du chien : 6 signes, causes & ; solutions – Botaneo. (s. d.). Botaneo. https://www.botaneo.co/blogs/sante-animale/stress-anxiete-chien
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Avec les conseils du Dr. Mathilde Guillon
Par Cécile de Saint Martin
Étudiante vétérinaire
Cécile de Saint Martin est étudiante en 3ème année à l'Ecole Nationale d'Alfort et sera diplômée en 2026. Elle a intégré le cursus vétérinaire après 2 ans de classe préparatoire BCPST au lycée Janson de Sailly. Intéressée tout autant par l'exercice en laboratoire que en clinique canine ou mixte, elle attend d'avancer dans ses études avant de trouver sa voie.