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Le chien mordeur

Un chien peut avoir pris l’habitude de mordre pour différentes raisons. Pour pouvoir y remédier, il est essentiel de comprendre ce qui provoque ces morsures, et de savoir comment supprimer ce comportement.

Illustration : "Le chien mordeur"

La morsure : dernier recours du chien

La morsure n’est jamais censée être la première étape dans un conflit chien-chien ou homme-chien. Elle est précédée d’un panel de signes précurseurs :

  • Babines retroussées ;

  • Oreilles en arrière ;

  • Grognements.

Si un chien a déjà mordu sans avertissement, cela peut s’expliquer par plusieurs raisons : soit ses avertissements n’ont pas été interprétés par la personne mordue, soit il n’a en effet pas averti avant de mordre, ce qui est anormal. Cette absence d’avertissement peut être le résultat d’une sélection, par exemple chez les chiens utilisés dans des combats illégaux, qui sont avantagés si leurs attaques ne sont pas anticipables.

Dans la plupart des cas cependant, cette suppression des signes avant-coureurs est due à un apprentissage indésirable : le chien a été trop puni ou réprimandé lorsqu’il exprimait ces comportements, censés mettre fin aux conflits avant les morsures, et passe désormais directement à la morsure.

Ainsi, il faut faire attention à ne pas supprimer ces comportements : si un chien grogne, par exemple sur un autre chien un peu collant pour mettre fin à une phase de jeu, le réprimander n’est pas la solution. Ce comportement est normal, et s’il est trop puni lorsqu’il l’exprime, il risque par la suite de mordre son partenaire sans prévenir dès qu’il est lassé du jeu.

Cependant, certains chiens ont l’habitude de mordre dans certaines circonstances, avec avertissement ou non. Il est alors crucial de savoir quelles sont les causes de ces agressions, et comment les inhiber.

La protection de ressources

La protection de ressources, une des principales causes de morsure, est un comportement du chien lié à une peur de la privation : il montrera des signes d’agressivité s’il craint d’être privé d’une ressource en sa possession (nourriture, lieu de couchage, partenaire sexuel…). Le cas le plus parlant est celui du chien agressif autour de sa gamelle : cela mène à des risques de morsures, car celle-ci est souvent située dans un lieu de passage. Le risque est plus grand lorsque le foyer comprend de jeunes enfants, qui en explorant peuvent jouer avec la gamelle du chien et ne pas relever ses signes d’agressivité.

Pour diminuer le risque de morsure lié à la protection de ressource, il faut supprimer chez le chien l’association entre son propriétaire et la privation : retirer la gamelle s’il grogne lorsqu’on s’en approche n’est donc pas une bonne idée. La meilleure solution est de lui apprendre à céder des ressources (avec un ordre comme “donne” ou "lâche”). En commençant par exemple par des jouets auxquels il n’est pas très attaché et en le récompensant avec une friandise qu’il adore, il sera progressivement possible de lui faire lâcher des ressources de plus en plus importantes au fil de l’apprentissage.

Il est très important de lui rendre très souvent le jouet, et les autres ressources utilisées pour l'entraînement. Ceci l’habitue à céder des ressources sans avoir à s’inquiéter de les perdre définitivement. Ne pas lui rendre renforcerait l’association mentale propriétaire-privation.

La peur

La peur est une autre cause importante de morsure chez le chien. Elle provoque de l’agressivité quand le chien se sent acculé et ne peut pas fuir. Elle peut être dirigée contre les humains, ses congénères… Comme dit précédemment, punir son chien lorsqu’il montre des signes d’agressivité lorsqu’il a peur augmente le risque de morsure, puisqu’il finira par passer directement à cette étape.

L’apprentissage permettant de limiter l’agression liée à la peur est la désensibilisation. Elle consiste à exposer le chien au stimulus provoquant des réactions négatives (humains, chiens, voitures…), et à le récompenser quand il réagit comme on le voudrait. Si le chien réagit trop fortement pour cela, on essaiera avec un stimulus moins intense (par exemple une personne plus éloignée), ou en lui apprenant à regarder son propriétaire sur commande.

Chez certains chiens trop réactifs, il faudra peut-être se contenter de supprimer l’agressivité, sans lui imposer même à terme de socialiser avec d’autres chiens par exemple.

Le jeu

Il arrive aussi que le chien morde lors du jeu. Ce phénomène est souvent plus fréquent avec les hommes, qui ont tendance à jouer de façon plus “musclée” avec leur chien. Les circuits nerveux du jeu étant les mêmes que ceux de la vraie agression, il arrive que le chien passe rapidement de l’un à l’autre. Il faut donc privilégier les jeux où l’on ne touche pas directement à la bouche du chien, par exemple avec des jouets types “tug”, qui permettent un jeu dynamique, sans risque de morsure.

Autrement, on pourra cesser le jeu lorsque le chien mord, ce qui est déjà une punition en soi, et le récompenser lorsqu’il joue comme on le souhaite. En effet, lorsque l’on pose un interdit, il est essentiel de présenter une alternative autorisée.

La muselière

La muselière a souvent une mauvaise image, mais elle peut être un outil très intéressant, et tout à fait tolérable pour le chien avec un bon entraînement.

Pour un chien ayant déjà mordu, elle permet de se balader sans prendre de risque, ce qui permet au propriétaire d’être plus détendu. Il est ainsi plus facile pour lui de travailler la désensibilisation avec son chien, il stresse également moins l’animal en lui transmettant ses propres inquiétudes. La muselière permet donc à des chiens qui resteraient autrement enfermés, ou qui sortiraient toujours auprès d’un maître stressé, de profiter de balades plus agréables.

Pour habituer un chien à la muselière, le mieux est d'y aller étape par étape en le récompensant lorsqu’il met volontairement le museau dedans, puis lorsqu’il la garde sans essayer de l’enlever quelques secondes, puis quelques minutes… jusqu’à ce qu’il y soit complètement habitué.

Mieux vaut prévenir que guérir

Quelle que soit la raison pour laquelle un chien finit par mordre, une bonne éducation et une bonne socialisation dès le plus jeune âge permettent de prévenir ce comportement. D’où l’importance pour un chiot de rester assez longtemps auprès de sa mère et de sa portée, afin qu’elle puisse lui transmettre les différents codes.

Pour limiter la protection de ressources, on pourra donner une friandise au chiot lorsque l’on passe près de sa gamelle, de ses jouets… Et lui apprendre tôt l’ordre “lâche”, comme décrit plus haut.

Dans le cadre de la peur, il est plus facile d’habituer un chiot qu’un adulte aux différentes circonstances qu’il pourra rencontrer dans sa vie : il est donc important de présenter une grande diversité de situations à son chiot, de lui faire avoir des interactions positives avec des humains, d’autres chiens…

Pour limiter la morsure lors du jeu, il est possible de replier la lèvre du chiot sous ses dents lorsqu’il mord pour qu’il se morde en même temps : il associera la morsure à une sensation douloureuse et sera beaucoup moins enclin à reproduire ce comportement.

Si la morsure se produit dans des situations diverses et variées, qu’il convient d’identifier, il est primordial de faire comprendre au chien le comportement par lequel on veut remplacer la morsure, et de ne surtout pas inhiber les signes avant-coureurs. Ceci est d’autant plus simple que le chien est jeune.

Bibliographie :

  • ARHANT, C., SCHMIED-WAGNER, C., AIGNER, U., et al. (2021) Owner reports on the use of muzzles and their effects on dogs: an online survey. Journal of Veterinary Behavior vol. 41, p. 73‑81. [https://doi.org/10.1016/j.jveb.2020.07.006]

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