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Socialiser son chiot

La socialisation est le processus par lequel un individu apprend les codes et intègre les normes et valeurs pour bien vivre en société. La socialisation concerne donc l’interaction d’un chien avec les autres chiens et n’est pas à confondre avec la sociabilisation ou familiarisation qui définit l’habituation du chien à l’Homme.

Illustration : "Socialiser son chiot"

L’importance de la socialisation

Les premiers mois de la vie du chiot sont déterminants pour le socialiser et l’habituer à vivre en communauté. Un chien peu ou mal socialisé peut développer un mal-être et des comportements à risque, à la fois pour lui-même et pour son entourage (fuite, attaque par peur). Suite aux confinements liés à la pandémie de la Covid-19, il a été démontré que les changements comportementaux négatifs observés chez les chiens étaient en adéquation avec les nouvelles habitudes de vie imposées par la pandémie du COVID-19 : une absence d’interaction avec d’autres congénères ou d’autres humains pouvait se traduire par de la peur voire de l’agressivité.

La structure sociale canine

Pour comprendre la structure sociale canine, des groupes de chiens féraux (c’est-à-dire des chiens qui sont retournés à l’état sauvage et ne sont pas familiarisés avec l’Homme) ont été étudiés. Il en résulte que le chien n’est pas une espèce territoriale. En revanche, le chien utilise un domaine vital avec des zones définies utilisées de manière répétée et défendues contre des intrus. Ces zones sont, chez les chiens féraux, celles à proximité des tanières et de l’alimentation. Le domaine vital du chien est très variable en fonction des ressources de nourriture, de la présence humaine, etc. Le marquage urinaire permet au chien de communiquer et n’a aucun rôle dans la délimitation d’un potentiel territoire.

La structure sociale correspond au nombre d’individus mâles et femelles du groupe. Chez le loup, elle est appelée « la meute » et les membres de la meute sont généralement des individus apparentés (de la même famille). Chez le chien, on a un agrégat d’individus qui ne sont pas forcément apparentés, il s’agit donc plutôt d’une structure multimâles/multifemelles. Les chiens n’ont pas le mécanisme de protection qu’est la coopération entre les individus. Il en découle une forte mortalité. Les chiens ont deux cycles de reproduction par an alors que le loup n’en a qu’un. Les groupes de chiens vont de 3 à 6 individus, ce qui est plus petit que ceux des loups qui vont de 2 à 15 individus. Ainsi, la structure sociale du chien est fondamentalement différente du loup.

Le développement naturel du chiot

On distingue quatre phases importantes au développement du chiot, associées chacune à une tranche d’âge et à l’apparition de nouveaux comportements : la période néonatale (de J0 à J13), la période de transition (de J13 à J21-25), la période de socialisation (de 3 semaines à 3 mois) et la période juvénile (de 3 à 6 mois).

La phase de socialisation du chien débute au moment du sevrage. Le chiot a déjà acquis une certaine autonomie et va développer ses capacités sensorielles, d’apprentissage et d’interactions. À partir de 5 semaines, les chiots jouent en groupe et la mère quitte peu à peu le nid. C’est à cette période que le chiot commence à s’intéresser à l’Homme, on conseille donc généralement au futur propriétaire d’acquérir son nouveau compagnon à partir de huit semaines après sa naissance.

Il est important de respecter ce délai : si l’adoption est précoce, le jeune chien risque de ne pas socialiser correctement avec les autres chiens ; si elle est tardive, la familiarisation du chien avec l’Homme risque d’être plus compliquée. Finalement, c’est à l’éleveur de veiller au bon déroulement du processus de socialisation du chiot jusqu’à la date d’acquisition, d’où l'importance d’acquérir le chiot dans un élevage qualifié. Une fois adopté, c’est au propriétaire de prendre le relais.

Au cours de la phase de socialisation, le chiot se construit grâce à ses expériences : il se forge une base de données qui lui permettra d’établir un seuil de tolérance émotionnelle aux diverses stimulations rencontrées par la suite, dans sa vie quotidienne. Il apprend ainsi à gérer progressivement toutes les situations auxquelles il est soumis, à s’y habituer et à diminuer son niveau de vigilance. C’est pourquoi un défaut d’enrichissement précoce du milieu et d’interactions sociales peut entraîner une hypervigilance et des attitudes de peur chez le chien, pouvant s’exprimer par de l’agressivité.

Comment bien socialiser son chien ?

Pour bien socialiser son chien, il faut l’exposer, de façon positive (c’est-à-dire sans stress, doucement et avec l’aide de récompenses), à une grande variété d’odeurs, de sons, d’objets, d’animaux, de personnes, de lieux, de situations. Pour cela, promenez régulièrement votre chien dans des lieux variés (tel que les sorties d’école, dans les parcs) où vous serez amené à l’emmener plus tard. Dès qu’il rencontre une nouvelle situation et qu’il ne réagit pas, récompensez-le (friandises ou caresses) pour renforcer ce comportement positif qui témoigne d’une habituation. Il faut veiller à ce que le chiot apprécie ces expériences et ne soit pas trop effrayé pour ne pas induire de traumatismes.

Faites-lui rencontrer d’autres chiens gentils et respectueux. Les séances de jeu entre chiots sont indispensables pour que le chiot apprenne les règles de la société canine, telles que l’inhibition de la morsure. Il est préférable que les chiots soient d’âge similaire pour ces séances de jeu qui doivent être supervisées pour éviter des débordements. Le chiot doit également être confronté à de nombreux chiens adultes calmes et tolérants pour apprendre à bien se comporter. Il ne faut cependant pas forcer un chiot timide, ce qui aurait pour conséquence d’amplifier sa peur.

Si vous percevez des signaux de stress tels que le léchage de truffe, les bâillements, la queue entre les pattes, mettez fin à l’interaction. Dans tous les cas, la socialisation doit se faire progressivement, étape par étape, régulièrement, un peu chaque jour. Ajoutez une nouvelle chose à découvrir de temps en temps, et une fois que cette nouvelle expérience est devenue banale pour le chien, il est possible de passer à la suite.

Il est par ailleurs tout aussi important de maximiser les interactions avec l’Homme et les autres chiens après la période à proprement dit de socialisation (après ses trois mois), car le chien est capable d’apprendre et de s’adapter à tout moment de sa vie.

En bref, la période de socialisation qui s’étend des 3 semaines aux 3 mois du chiot est une phase cruciale du développement à ne pas manquer pour éviter des troubles comportementaux à l’âge adulte. Le chiot doit être exposé de façon graduelle et positive à une grande variété de stimuli auxquels il sera potentiellement exposé au cours de sa vie.

Bibliographie :

  • Cours de l’ENVA sur l’éthologie canine
  • Howell, Tiffani J, Tammie King, et Pauleen C Bennett. « Puppy parties and beyond: the role of early age socialization practices on adult dog behavior ». Veterinary Medicine: Research and Reports 6 (31 décembre 2015): 143-53. https://doi.org/10.2147/VMRR.S62081.